C'est comme la différence entre des treets et du chocolat fondu maison sur un gâteau choco maison. Vous voyez ? Plus de plaisir, plus de goût... Plus de substance nourrissante.
Vous allez me dire que les quatre romans que j'ai choisis pour représenter le grand roman d'amour dans la littérature concernent tous des femmes mariées. Pourquoi ? Faut-il attendre d'être mariée pour vivre un grand amour... et avec un autre ?Non. Tout ça, c'est parce qu'en littérature, la contrainte crée l'art, la difficulté le désir.Un peu comme dans la vraie vie quand même.Mais si vous pouvez tomber amoureuse d'abord, et vous marier ensuite (avec le même), c'est quand même mieux.
Place aux chefs d'oeuvre.
..Le plus désespéré : Belle du Seigneur
Non, je ne vous ferai pas croire que " Belle du seigneur " est un beau roman d'amour qui finit dans la joie et les couche-culottes. A celles qui vont se jeter dans cette merveilleuse aventure qu'est la lecture de ce livre, il faut lancer un sérieux avertissement. Albert Cohen est d'une cruauté inouïe et s'acharne à dépeindre avec une précision incroyable l'impossibilité de la durée en amour fou. L'émerveillement, l'éblouissement et la terrible exigence que ça suppose, enferment peu à peu les deux amants dans un enfer...Bon. Il faut pas trop en dire non plus.Lisez, lisez les amours d'Ariane et du beau Solal. Vous rirez parfois, et vous serez émue, mais votre coeur se serrera d'angoisse par moments.
Ca vaut le coup quand même..." Descendu de cheval, il allait le long des noisetiers et des églantiers, suivi des deux chevaux que le valet d'écurie tenait par les rênes, allait dans les craquements du silence, torse nu sous le soleil de midi, allait et souriait, étrange et princier, sûr d'une victoire. Aujourd'hui, en ce premier jour de mai, il oserait et elle l'aimerait. "Les premières lignes de " Belle du seigneur " de Albert Cohen
Le plus charnel : L'amant de Lady Chatterley
" En 1928, le roman a été interdit, et saisi en Angleterre et aux Etats-Unis. " En 1960, après un procès pour obscénité, il est enfin autorisé à être publié.
Ouf, il était temps. Merci les années soixante !Tout ça paraît bien dépassé aujourd'hui. Et l'érotisme du livre, un peu cru pour l'époque parce qu'on y emploie des termes comme "pénis", "semence", ou "orgasme", paraît bien gentillet à côté de Houellebeck ou de Catherine Millet.Mais surtout, ce qu'il faut dire, c'est ce qui fait que ce livre est un magnifique chef d'oeuvre. Comment un homme, à cette époque, a-t-il pu décrire avec autant de justesse la sensualité féminine ? Quelle poésie et quelle apologie de l'amour vrai, enfin délivré des histoires platoniques de princesses ! Car il s'agit bien d'amour dans toute sa simplicité et toute sa vérité, indéracinable." Mais je leur dis, à tous : " Gardez vos perversions, si cela peut vous faire plaisir, vos perversions de puritanisme, ou de dévergondage à la mode, ou de simple grossièreté. Quant à moi, je défends mon livre et ma position : la vie n'est acceptable que si l'esprit et le corps vivent en bonne intelligence, s'il y a un naturel équilibre entre eux, et s'ils éprouvent un respect naturel l'un pour l'autre. "Paris, 1929Fin de la préface de " L'amant de Lady Chatterley " de D.H. Lawrence