Je suis une sorte de perfectionniste de la cuisine, une Staline desfourneaux, une Hitler de la farine, une Gbagbo de la cuillère en bois et dufouet. Je ne supporte pas le désordre dans mes ustensiles, je n'aime pasqu'on réalise les opérations dans le désordre, les saletés me rendent folle etse retrouver à trois autour d'un seul saladier à se battre pour qui"remuera" la pâte a une sérieuse tendance à me filer despalpitations.
J'ai bien essayé. Plusieurs fois. Avec l'une ou l'autre de mes filles,
les deux en même temps. A chaque fois, ça se finit mal. Je finis toujours par crier. Parcequ'il y a de la farine à côté, parce que la pâte vole dans tous les sens, parcequ'il faut être délicate et que ce sont des bourrines.
.. et que je suis undictateur dans ma cuisine !
Je n'arrive pas à me détendre, à accepter que ce ne soit que des
gamines qui s'amusent à imiter Maman et qui prennent beaucoup de plaisir à
jouer du fouet. Je n'arrive pas à être de ses mères qui aiment faire la
cuisine, qui acceptent de voir leur plan de travail ruiné, à laisser les doigts
de leurs marmots tremper dans le saladier pour goûter la préparation ou encore
à lécher la cuillère.
En fait, quelque part, ça me désole d'être aussi hystérique, comme si
la cuisine était une raison d'état et qu'on ne pouvait pas s'y amuser. Je
n'aime pas ne pas réussir à jouer avec elle et ne pas réussir à établir une
complicité dans ce type d'activités manuelles.
Bon après, y'a pas mort d'homme. Je ne suis pas une si mauvaise mère
même si je n'arrive pas à faire la cuisine ou du dessin avec mes filles. Même
si elles ne préparent pas les plats avec moi, je les invite régulièrement à la
dégustation et à la découverte des saveurs en leur préparant des bons petits
plats, de toutes sortes que ce soit.
Et après tout, je préfère largement les initier au cinéma, à la
lecture, aux arts en les accompagnant dans les salles obscures, dans les
bibliothèques, les musées, les médiathèques ou en les emmenant en voyage... Après tout, chacun sa spécialité !