Je m'appelle Charlie. Ce matin, comme d'habitude, je me suis levée. Fière de mon métier, fière d'aller écrire dans les pages d'un journal. Que mes articles soient futiles ou engagés, ça ne change rien, j'écris parce que c'est moi, que ça plaise ou pas.
Je m'appelle Charlie, et la nouvelle est tombée sur les coups de midi. La rédaction de Charlie Hebdo a été attaquée par des hommes armés. On parle de plusieurs blessés. D'un mort. Puis de 10. Puis de 12. Des vidéos tombent, des photos, et c'est l'incompréhension. La peur. Puis les noms.
Je m'appelle Charlie et j'ai mal. Mal pour les journalistes qui sont tombés aujourd'hui, parce qu'ils ont eu l'audace de défendre la liberté d'expression.
Parce qu'ils travaillaient pour un journal satyrique. Mal pour les policiers, tués pour avoir voulu les défendre. Mal pour ce piéton, renversé parce que les agresseurs prenaient la fuite.J'ai mal pour ces imbéciles qui, sur Twitter, se félicitent de cet attentat, disent que Charlie Hebdo l'a bien cherché. Mal pour ceux qui se servent de cette tragédie pour engranger des retweets et des abonnés.
J'ai mal pour les amalgames aussi, car les Musulmans sont déjà accusés d'être responsables et sont mis, injustement, cruellement même, tous dans le même panier, pour les conneries d'une minuscule minorité.
Aujourd'hui, j'ai mal aux yeux d'avoir pleuré mes confrères, ma liberté qu'on écrase.
J'ai mal au coeur des atrocités commises au nom de rien. J'ai mal à l'âme de vivre dans un pays où 12 personnes peuvent être attaquées en plein jour, juste pour avoir fait leur métier.Je m'appelle Charlie, et j'ai mal. Mal au journalisme, mal à la liberté d'expression, mal à la France.
Mais je m'appelle Charlie, et je vais me relever. Parce que le terrorisme ne fera pas taire le journalisme, ne fera jamais taire la liberté d'expression.
Parce qu'aujourd'hui, on s'appelle tous Charlie.
Bon courage Laetitia_Rbl
taz - Le 08/01 à 10:29 Signaler un abus