L'héroïne de "La forêt des Mânes" est une jeune femme dans l'ère du temps : bon job et... malheureuse en amour.
Pourquoi ce choix alors que vos précédents romans mettaient plutôt en avant des profils masculins ?
C'était une vraie volonté, et même l'un des principaux défis de ce livre ! Savoir si j'allais pouvoir m'identifier à une femme "féminine". Dans mon troisième roman "Le Concile de Pierre", mon personnage principal (joué par Monica Bellucci au cinéma) était déjà une femme, mais j'avais triché un peu avec une héroïne très garçon manqué, écorchée vive, qui fait du karaté...
C'est presque une nouveauté pour vous...
Jeanne Korowa est une Parisienne comme j'en connais beaucoup, forte et fragile à la fois.
Elle m'a aussi permis de décrire des ambiances que je connais bien mais que je n'avais pas encore utilisées dans mes livres. Les restos chics, le shopping... J'y ai pris beaucoup de plaisir !Vous êtes-vous inspiré d'une femme en particulier pour le personnage de Jeanne ?
C'est amusant parce qu'autour de moi certaines pensent être "Le" grand sujet d'inspiration. Pas du tout !
Il s'agit d'un mélange tout à fait personnel.
Comme souvent dans vos livres, on voyage beaucoup dans "La forêt des Mânes". Est-ce un ingrédient indispensable de la recette Grangé ?
Non, pas vraiment. J'ai l'habitude de dire que ce sont mes histoires qui décident.
C'est aussi pour ça que je n'utilise pas de personnages récurrents. Dans les trois prochains livres que j'ai en tête, il y aura peu de voyages par exemple.La forêt des Mânes de Jean Christophe Grangé, Albin MichelVoir ce que la rédac' en pense...
Est-il indispensable pour vous de partir sur le terrain pour écrire vos livres ? C'est une part du métier d'écrivain qui fait rêver...
Jeune auteur sans le sou, je me suis surtout inspiré des reportages que j'avais réalisés en temps que journaliste. Le succès aidant, je peux aujourd'hui aller sur place. Mais c'est beaucoup moins glamour que les gens ne l'imaginent. Pour "La Forêt des Mânes"
, je suis parti en Amérique du sud avec ma famille en vacances, et j'allais me documenter le matin pendant que les enfants dormaient !Vos plus grands succès ont été adaptés au cinéma (Les Rivières Pourpres, le Concile de Pierre...).
Comment se passent vos collaborations avec le septième art ?
J'écris les scénarios, mais ce n'est pas parce que vous écrivez l'histoire que vous maîtrisez quelque chose pour autant. Le cinéma c'est un grand chaos. Tout est réécrit dix fois, tout le monde donne son avis. Il faut gérer l'argent, les stars, les contraintes techniques et commerciales... Le bazar absolu !
Certains disent : "Un bon film c'est un coup de chance", c'est presque ça.
A force d'inventer des histoires effrayantes, de quoi Jean-Christophe Grangé peut-il avoir bien peur ?
Comme beaucoup de gens, ma grande peur c'est de ne plus avoir d'argent, que les livres ne marchent plus. Les angoisses banales de la vie d'adulte. En ce moment, j'ai parfois des pointes d'adrénaline, des délires passagers pendant lesquels j'imagine ne pas vendre un seul livre !
Un dernier conseil à nos lectrices, quel est le meilleur cadre pour lire votre livre ?
Le mieux, c'est de se mettre sous la couette et d'essayer de le lire d'une traite. Avec pourquoi pas son homme pas loin au cas où... Mais c'est une peur agréable, qui vous chatouille sans vous piquer. J'ai l'habitude de dire que j'écris des contes pour adultes.
Mon envie c'est de permettre au lecteur de retrouver le frisson qu'il avait enfant en écoutant le "Petit chaperon rouge"...