Avant, mes copines et moi avions l’occasion de sortir
souvent : que ce soit pour une virée shopping,
un afternoon-tea ou une soirée
décalée, j’ai eu l’occasion de développer avec elles des dizaines, que dis-je,
des centaines de souvenirs. Nous nous sommes vues dans tous nos états, nous
avons partagés nos moindres petits secrets, de nos premiers flirts à nos
premiers boulots. Et puis un jour, est survenue la maternité. Pour elles, pas
pour moi car je n’ai volontairement pas fait ce choix dans l’immédiat.
Bien sur, j’avais tout à fait conscience que cela changerait beaucoup nos
relations ; tout comme j’avais déjà remarqué une évolution lorsque, progressivement,
nous nous étions mises en couple.
flagrant ? Je ne pense pas. Le fait est qu’aujourd’hui, mes amies sont
toutes mamans et lorsque je les vois, soit assez peu souvent, ça se passe comme
ça :
- Je me sens toujours hors-sujet car j’ai l’impression
que mes amies se définissent uniquement comme des mamans aujourd’hui, et que la
femme en elles a été reléguée au second plan. Les couches, les bib’… Elles mangent,
dorment, vivent pour leurs progénitures. Ce qui est bien mais peut-être un peu
excessif, non ? Car au niveau des sujets de conversations, impossible de
changer la thématique si elles sont lancées sur la régurgitation du petit
dernier ou le doudou impossible à trouver.
et prendre des nouvelles régulièrement, soyons honnêtes : les dialogues
d’adultes me manquent cruellement.
- Je me sens « différente » : je suis
l’intruse, celle qui n’est pas comme les autres et à qui on le fait franchement
sentir. De ce fait, si j’ai le malheur de donner mon avis sur un sujet
concernant bébé ou sur une idée pédagogique, je suis vite remise à ma
place : « Non mais toi, tu ne peux pas comprendre, tu n’as pas
d’enfant. » Ah oui, vraiment ? Parce qu’il faut être politicien pour
parler politique, religieux pour parler religion ?
Et assez vexant également.
- J’ai l’impression de perdre mes amies : tous les délires, toutes les situations insolites passés ensemble ne semblent plus compter pour elles. C’est
tout juste si elles ne rejettent pas nos souvenirs communs parce qu’à l’époque,
elles n’étaient pas mamans donc à leurs yeux, leur vie n’avait pas de sens. Et quand j'ose hasarder qu'on a tout de même vécu de très bons moments, elles me rétorquent simplement que « Je comprendrai mieux quand je serai maman à mon tour ».
Sauf que maman ou pas, je n’ai pas très envie de renier tout ce que j’ai vécu jusqu'à aujourd'hui !
- J’aimerais qu’on me demande de temps en temps de mes
nouvelles : ce n’est pas parce que je n’ai pas d’enfants que je n’ai pas
de vie ou pas de soucis. Bien au contraire. Et je n’ai rien contre m’intéresser
aux problèmes des autres mais l’amitié a
priori fonctionne dans les deux sens. Or, depuis que mes amies sont mamans,
elles ignorent tout de moi, jusqu’à ma santé, mon couple ou mon emploi. Nous
sommes devenues des inconnues juste parce qu’elles n’ont jamais songé que je
pouvais, sans enfants, continuer de vivre et avoir anecdotes et breaking news à raconter. Un peu triste…
- On me met la pression sociale pour être maman à mon tour.
Personne ne s’est posé la question apparemment de si j’avais envie de l’être ou
si je me sentais prête. Il semblerait que ce soit un fait établi que passée la
trentaine, une femme doit être maman pour être « accomplie ». Encore
plus lorsqu’elle est en couple depuis longtemps. Ah. Merci bien mais pour
l’instant, je m’épanouis dans ma vie telle qu’elle est et n’ai pas envie de
faire un enfant pour la seule et unique raison de régler mon horloge
biologique sur celle de la société. C’est juste qu’à la longue, ce « Et
toi, c’est pour quand ? » est vraiment fatiguant.
Et vous, des avis ou des coups de gueule sur le
sujet ?