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Naomi, Pam et les autres par LaChapelle

Par Elle adore

Ai-je une raison d'aller voir David LaChapelle à la Monnaie de Paris ? A priori : NON. Ancien photographe de mode, l'artiste dont les photos sont exposées jusqu'au 31 mai est un adepte des couleurs criardes et des belles filles nues. Et pourtant, je décide d'en avoir le cœur net...

Assourdie, assommée, c'est comme ça que je commence la visite, mes sentiments de féministe du XXIème siècle se réveillant à la vue de ces blondes à fortes poitrines (légèrement plus nombreuses que les Apollon imberbes). Les thèmes de prédilection de David LaChapelle ? La perversité de la société, la luxure, l'amour immodéré de l'argent, l'incapacité des gens à voir l'essentiel et l'oubli des valeurs, le racisme. Un prétexte ?

Pamela Anderson: Voluptous Attentions, 2001 © David LaChapelleNaomi Campbell: Bon Apetite, 1999 © David LaChapelle

Sa série la plus célèbre, c'est Star system. LaChapelle photographie des people pour dénoncer le culte de la personnalité, de la quête infinie du plaisir et du sexe.

Exemple avec une lascive Naomi Campbell attendant d'être dévorée avec délice et la très très distinguée Pamela Anderson dont il cherche à capter le narcissisme, mais aussi avec Amanda Lepore, muse transsexuelle de LaChapelle, que l'on retrouve sur de nombreuses photos.

L'oppression et l'overdose me guettent. Jusqu'à ce que je comprenne : il ne faut pas regarder les œuvres du photographe américain, roi du kitsch et du pop baroque, comme celles de mes photographes préférés, juste pour le plaisir des yeux.

Ce qui compte, c'est le sens, le message... Exit l'esthétique !

The House at the End of the World, 2005 © David LaChapelleWhen the World Is Trough,

2005 © David LaChapelle

Alors, je commence à découper, disséquer, décrypter, chercher la signification des éléments présents sur les photos, comme dans de la série Destruction, qui met en opposition des paysages dévastés et les femmes sublimes et sexy, symbole d'une société blasée, que rien ne touche ou n'émeut... pas même le chaos. Moins je regarde l'expo de façon passive, plus je me sens intelligente... Waouh !!

Ces dernières années, un brin mégalo tout de même, ou pour jouer de son nom (qui sait ?), LaChapelle s'ingénie à recréer les scènes religieuses sur de grands panneaux : le Déluge inspiré de Michel-Ange version moderne (avec téléphone portable, chaussures à talons et enseigne Gucci )

ou encore le Dernier Repas de Jésus au milieu de ses apôtres, tatoués et en jogging.Pas la peine de s'y connaître en religion ! Tout devient limpide et abordable !

Deluge, 2006 © David LaChapelle

Moi qui croyais avoir affaire à un photographe mettant en scène ses fantasmes, la distance prise par LaChapelle me tourneboule et m'impressionne. Comme s'il n'y avait rien de lui dans les clichés, comme s'il restait invisible. En sortant de l'exposition, je me rends compte que j'ai appris à voir au lieu de regarder. Quel pédagogue ce LaChapelle !

Finalement, ça vaut le détour ! Donc, allez-y !

A noter :Le petit bémol : pour profiter pleinement de ce moment,

évitez les heures de grandes affluences car les notices explicatives de la visite ne sont pas toujours bien visibles et certaines salles sont étroites, en particulier à la fin du parcours.

Rétrospective David LaChapelleA la Monnaie de Paris, 11 quai de Conti, Paris 6èmeTarif plein : 10 euros , Tarif réduit : 8 euroswww.monnaiedeparis.fr/musee

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