Dernière expérience en date, écoutant chacun notre propre musique dansnos casques pendant l’amour. Chacun une musique différente, nous avons ressentisdes sensations différentes mais tout aussi intenses. Lui dans son délire apocalyptiquepost-rock, moi dans mon envie d'insondable tendresse de voix mélodieuse. Pournous deux, l'étreinte était aussi passionnée qu'intense, sur la même longueurd'onde et pourtant si distante d'un point de vue musicale.
J’ai appelé ça le sexe d'autiste, où chacun demeure dans son monde, où
nous vivons une expérience similaire et si différente à la fois. Concentrés sur
notre propre plaisir, sur nos propres sensations, tout en partageant avec
l'autre ce moment d'une rare intensité sensitive et auditive.
Chacun a vécu une émotion et des sensations particulières mais la
satisfaction finale était la même. Celle d'un énorme partage, de don de soi,
d'abandon totale et de jouissance commune. Il est très étrange de constater que
nous n'étions pas ensemble musicalement mais totalement réunis dans notre
échange. J'avoue que c'est à la fois perturbant et saisissant.
Comment un acte quasi égoïste et autant centré sur soi-même peut révéler
autant de plaisir ?
Ne serait-ce pas en s'envoyant en l'air de la manière la plus
égocentrique qu'il soit que, que finalement, nous faisons du meilleur sexe ?
Alors que penser de toutes ces déclarations de magazines et de
sexologues qui prétendent que pour bien faire l'amour,
de l'autre ?
Et si la clé du secret, c'était déjà de faire l'amour pour soi-même
avant de vouloir faire plaisir à l'autre ?
Je ne sais pas, je ne suis pas spécialiste, je m'interroge juste sur
le fait que la puissance des sensations et du ressentie à ce moment là, dans
ces conditions précises, était bien plus fort que lors d'un simple rapport habituel.