1984,
j'ai 10 ans, et la fille d'amis de mes parents un peu plus âgée, me fais
écouter la Notte- la Notte. Avec Etienne, marinière et perroquet sur l'épaule,
c'est le coup de foudre. Et de Tombé pour
la France à Paris Ailleurs, j'ai
17 ans. Dans la chambre du pavillon de banlieue de ma meilleure amie, on écoute
la Radio. Etienne serait mort du sida, nos larmes sont intarissables. Ouf c'est
démenti !
Et
puis Réserection, Éden, Réevolution.J'ai 30 ans. Pour mes 35, Etienne me fait le cadeau de l'invitation et de sonmerveilleux été. Je le découvre en vrai sur scène avec Jeanne Moreau,pour une mise en musique du condamné à mort de Genet, un moment suspendu.
Puisles "chansons del'innocence" en 2013. Bref depuis 1984, il me semble qu'il ne s'est pas passée une semaine de ma vie sans que j'écoute unemorceau de Daho.
Hier
soir au concert d'Etienne Daho, j'avais 10, 15, 20, 30, 40 ans à la fois. Rien
de nostalgique, tout encore bien présent, les « doumdidoum », les « ohohohohoh » viennentspontanément, les paroles sortent comme une évidence, les corps ondulent tousensemble, les doigts claquent, les yeux brillent.
Une
salle de quarantenaires bien tapés. C'est rock, c'est beau, c'est chaud, c'est
naturel et parfaitement orchestré. C'est exigeant mais simple. Si de tous les
compliments qu'inspirait ce concert, il ne fallait en garder qu'un, ce serait l'élégance.
Etienne, c'est l'élégance faitehomme. Le public (et moi) on crie bravo, on crie merci, on crie encore. On voitqu'il ne veut pas partir, Il revient pour entonner a capella assis sur le bordde la scène un week-end à Rome en duo avec moi, avec toi, avec nous, avec un Olympia remontéà bloc, qui ne perd pas une parole. On sort secoués, on se croise à la sortie, émus, remplis, joyeux, on continue à chanter sur le trottoir. Et moi,j'ai envie de crier Etienne je t'aime.